Laponie, Chocolat Chaud & Toi
Noël ? Très peu pour lui. L’amour ? Encore moins.
Trahi par son ex, Cole Harington a rayé les fêtes de fin d’année de son cœur. Pourtant, poussé par sa sœur, il s’envole seul pour un séjour en Laponie, bien décidé à bouder les flocons.
De son côté, Juliet Watson – alias Juliette Dubois – rêve depuis toujours de vivre un Noël digne d’un conte. Romancière en panne d’inspiration, elle espère que la magie lapone réveillera sa plume… et son cœur.
Mais quand un échange de bagages les fait se croiser, ni Cole ni Juliet n’imaginent que ce voyage pourrait tout bouleverser.
Et si la Laponie avait bien plus à leur offrir que de simples aurores boréales ?
Une comédie romantique tendre et lumineuse, où les cœurs gelés apprennent à battre à nouveau.
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- Extrait -
Chapitre 1
Cole
Alors que le pilote annonce avoir obtenu l’autorisation de décoller, que les hôtesses se mettent en place pour nous montrer les gestes d’urgence, je maudis ma sœur. Je n’aurais jamais dû l’écouter. Qu’est-ce que je vais foutre en Laponie en solo alors que je n’en ai rien à faire du père Noël et de toutes ces conneries ! J’avais prévu ce voyage pour Isabel, c’est elle la fana de Noël et de toute l’agitation qu’il y a autour de cette fête, pas moi. Jamais je n’aurais dû écouter Rachel. Je tourne la tête de droite à gauche tandis que les hôtesses miment les gestes de survie en cas d’incident. Autour de moi, je ne vois que des couples ou des familles.
L’avion roule. Il est trop tard pour faire machine arrière. Dix jours, ça ne va pas être si long… Mouais, enfin, si je pouvais en être certain… La place vide à mes côtés me serre le cœur. Isabel aurait dû se trouver là. Ça aurait sûrement été le cas si je n’étais pas rentré plus tôt il y a trois semaines, deux jours, treize heures, dix-huit minutes, ne puis-je m’empêcher de compter en regardant ma montre. Je tourne mon regard vers le hublot et y découvre les lumières s’éloigner. L’appareil a pris son envol en douceur. Je ne m’en suis même pas rendu compte. Je pose ma tête contre la vitre, espérant m’endormir pour le temps du vol. Seulement, derrière mes paupières, la même scène se joue depuis ce fameux jour. Les draps froissés. Les rires sous la couette. La tête d’Isabel qui en ressort et son expression de stupéfaction.
Je ne sais toujours pas ce qui m’a fait le plus mal entre la trouver au lit avec un autre ou son regard. Comme si elle pensait que ça ne m’atteindrait pas. Elle n’a pas compris ma colère, pas plus que mon départ de l’appartement. J’ai passé les premiers jours à l’hôtel, puis dès que j’en ai eu les clés, dans l’appartement que nous venions d’acheter. Enfin, que je venais d’acheter… Je comprends mieux pourquoi elle ne voulait pas investir tant que nous n’avions pas vendu le premier. Et dire que ce voyage m’a coûté une blinde ! J’aurais dû me faire rembourser plutôt que de suivre les conseils – l’ordre ! –, de ma frangine et de prendre comme prévu mes jours de congé. Comme si j’étais du genre à poser des vacances pour rien. J’aurais dû annuler ce séjour. Je ne sais même pas pourquoi je n’ai pas pris mon téléphone et rappelé l’agence de voyages. Quand je pense à la pile de dossiers qui m’attend au bureau !
Je rouvre les yeux, dormir est impossible. Mon cerveau a décidé de tourner à plein régime. Je regarde à l’extérieur. Nous sommes en plein milieu d’une mer de nuages. J’essaie de me concentrer sur son observation. J’ai lu que ça apaise certaines personnes. Pour être honnête, ça ne me fait pas cet effet.
Je suis interrompu dans ma pseudo contemplation par l’hôtesse qui me propose une boisson. J’opte pour un café. Puisque le sommeil n’est pas de la partie. Le temps qu’elle me le prépare, je croise les yeux d’une passagère assise près du hublot, de l’autre côté du couloir. Je bloque un instant, cherchant où je l’ai déjà vue. Je l’observe, elle détourne son regard. Je dois me tromper. Je ne la connais pas.
— Votre café, monsieur, m’interpelle l’agent de bord en souriant.
Je la remercie, répondant à son sourire tandis qu’elle se tourne vers l’autre rangée. Je débloque ma tablette et y dépose mon gobelet. J’attrape ma sacoche, en quête de ma lecture. À savoir, le rapport sur notre potentiel futur partenaire financier. Quitte à rester éveillé, autant profiter du voyage et avancer un peu sur mon boulot. Si ma sœur me voyait, elle m’étriperait. « Les vacances, c’est sacré ! » me sermonnerait-elle. « Profite de ce séjour pour te détendre », l’entends-je encore me dire alors qu’elle me déposait tout à l’heure devant l’aéroport d’Heathrow. Genre, je vais me détendre dans un lieu où la magie de Noël règne en maître. Comme tout le monde, j’apprécie recevoir un cadeau de mes proches, les gâter aussi, mais tout ce tintouin autour me fatigue. Si ça n’avait tenu qu’à moi, ces dernières années, il n’y aurait même pas eu un sapin dans l’appartement. Si j’apprécie de voir la maison de mes parents décorée, tout ce cérémonial n’est pas pour moi. J’ai arrêté de croire au père Noël, il y a un bout de temps déjà. Et depuis Isabel, la magie a totalement disparu de mon être. Isabel. Il faut que j’arrête de penser à cette… Je serre le poing sur ma feuille. Mon cœur s’emballe, mon sang pulse sur mes tempes.
Je secoue la tête dans l’espoir de faire disparaître mes idées noires avant de plonger dans ma lecture.
Mon café terminé, j’annote mon rapport tout le reste du vol, que je ne vois pas passer tant je suis absorbé par ma tâche. Ce n’est que lorsque l’hôtesse vient vérifier que j’ai bouclé ma ceinture pour l’atterrissage que je me rends compte que j’ai bossé tout ce temps. Je range tout mon matériel et m’exécute, fier de mon avancée. J’appellerai mon binôme pour lui faire part de mes premières recommandations dès que j’aurai du réseau.
La descente est amorcée à l’instant même où le clic de ma ceinture de sécurité retentit. Je tourne la tête vers le hublot et observe les éclairages de la ville s’approcher de nous. Je ferme les yeux lorsque la piste est en approche et suis surpris de la douceur de l’atterrissage. Si je n’ai aucun mal à prendre l’avion, ce moment précis est toujours synonyme de stress pour moi. Et dire que je vais devoir en subir un second puisque je n’ai pas trouvé de vol direct entre Londres et Rovaniemi. Déjà à ce moment-là, j’aurais dû m’abstenir de réserver ce voyage ! J’aurais dû y voir un signe.
Heureusement, j’ai pris de quoi travailler entre deux excursions. D’ailleurs, peut-être que je vais pouvoir en annuler une ou deux arrivé à l’hôtel. Le pilote prend la parole, nous annonçant l’arrêt imminent de l’appareil sur cette piste d’Helsinki. Il nous remercie d’avoir choisi sa compagnie, indique les températures du moment et nous souhaite un agréable séjour.
Si seulement je m’arrêtais là…
Comme un écho à ma pensée, il ajoute que la correspondance pour la Laponie est affichée à l’heure et que nos bagages en soute seront directement transmis sur ce vol. Je n’ai donc plus qu’à rejoindre cet avion.
